Union Académique Internationale

CCSA 15. Kerygma Petri

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Kerygma Petri (Kérygme dePierre ou Prédication dePierre) fait partie des textes chrétiens les plus anciens, puisque il a dû voir le jour en Égypte entre les années 100 et 120. En un temps où l’affirmation chrétienne se cherchait selon des voies plurielles, l’apocryphe pétrinien affiche une théologie bien typée, à la fois religieuse et intellectuelle, une sorte de « gnose » qui se tient cependant dans le courant central du christianisme.

Le Kérygme de Pierre n’existe pour nous que sous forme d’une série de fragments, peu nombreux mais significatifs, dont nous devons la conservation surtout à Clément d’Alexandrie. Le jeu des citations du Kérygme de Pierre dans les écrits de Clément mérite de retenir l’attention : l’auteur des Stromates cite volontiers cette œuvre qu’il considérait comme une production de Pierre en personne et dont il est, en même temps, un utilisateur intéressé. C’était déjà le cas, au milieu du 2e siècle, pour le gnostique Héracléon au dire d’Origène.

Au centre de l’apocryphe pétrinien se tient une Exhortation de Pierre aux chrétiens (Fragments 2 à 5) : elle confronte les trois religions (la païenne, la juive, la chrétienne) et les caractérise en fonction de la perception du Dieu créateur et transcendant. Les autres fragments du Kérygme de Pierre (Fragments 1 et 6-10) dessinent des espaces de sens précis concernant la mission et la conversion, l’herméneutique et la christologie. Pierre et les Douze sont présentés comme détenteurs du monopole de la mission en Israël et dans le monde. La conversion est une transformation intellectuelle et l’intelligence est la compagne de la foi. Un biblicisme chrétien s’affirme ( « Nous ne disons rien sans l’Écriture ») ; et les étapes de la carrière de Jésus sont indiquées à l’aide de testimonia, de textes-preuves déjà traditionnels. Le personnage du Christ semble relever d’une « christologie haute » : il est salué comme « Loi et Logos » et peut-être est-il associé au Créateur comme Commencement et Puissance personnifiés.

Mais le message fondamental qui traverse le Kérygme de Pierre est celui du monothéisme, non pas un monothéisme judéo-chrétien consensuel, mais un monothéisme spécifiquement chrétien — présenté de manière polémique. Ce « monothéisme christologique » de l’apocryphe pétrinien est au centre du mandat missionnaire du Ressuscité et de la prédication apostolique ; il se nourrit de l’accomplissement pascal des prophéties et il constitue la pierre de touche de la valeur des religions. Cette réflexion n’est donc pas sans intérêt pour le débat actuel sur les monothéismes et les religions.

Tels sont quelques uns des problèmes littéraires et théologiques qu’aborde la présente étude qui s’articule autour de trois axes : (1) une analyse détaillée des contextes citationnels dans lesquels les fragments du Kérygme de Pierre sont transmis ; (2) une nouvelle édition du texte grec accompagnée d’une traduction ; et (3) un commentaire approfondi de chacun des fragments, qui prête une attention soutenue à la littérature intertestamentaire juive et aux anciens apocryphes chrétiens.

Project

Corpus Christianorum, Series Apocryphorum

Fiche de la publication

  • TitreCCSA 15. Kerygma Petri
  • Année de publication2003
  • VilleTurnhout
  • Éditeur académiqueAELAC (Association pour l'étude de la littérature apocryphe chrétienne)
  • Éditeur commercialBrepols
  • Volume15
  • ISBN978-2-503-41151-4
  • URLwww.brepols.net