Union Académique Internationale
Dictionnaire du Moyen Perse
Retour aux projetsProjet nº64, adopté en 2003
Le moyen perse, une langue politique et culturelle majeure de l’Antiquité tardive au Proche-Orient, était un véhicule de l’Empire sassanide et a servi un certain nombre de religions importantes, telles que le zoroastrisme et le manichéisme, et partiellement le christianisme. Toutefois, il ne possède pas encore de dictionnaire propre. Un certain nombre de dictionnaires partiels, plusieurs éditions de textes avec des glossaires utiles et plusieurs ouvrages de nature étymologique sont à ce jour disponibles, mais aucun d’entre eux ne couvre la gamme complète du moyen perse.
Tel est l’objectif du présent projet. Une fois terminé, il inclura les textes littéraires zoroastriens ; les inscriptions inscrites sur la pierre et sur les sceaux ; les documents en pahlavi écrits sur du cuir, du papier et du papyrus ; les textes manichéens ; ainsi qu’une sélection de matériel écrit au moyen du pazand (pour les formes tardives de la langue). Il tiendra compte des mots du moyen perse empruntés aux langues voisines telles que l’araméen, l’arménien, le géorgien et l’arabe, dont certains ne sont pas attestés dans tous les écrits en moyen perse. Le présent projet s’ancre sur une base de données d’éditions de textes et de transcriptions de documents et utilise un logiciel spécialement développé pour ses besoins. Il a pour objectif de présenter la richesse lexicale de la langue, dans la mesure où elle est préservée à travers une histoire de transmission assez compliquée, puisqu’une grande partie du matériel littéraire qui existait autrefois a été perdue. Les exemplaires connus de textes en moyen perse emploient différents systèmes d’écriture qui présentent diverses difficultés de déchiffrement et d’interprétation. Tous sont transcrits en alphabet latin, suivant le système proposé par D.N. MacKenzie (1967), qui est devenu une norme presque universelle.
Le travail sera essentiellement basé sur les textes, publiés ou non, mais s’efforcera également de présenter les discussions lexicales les plus importantes de la littérature scientifique concernant les aspects sémantiques, étymologiques et historiques du lexique.
Plusieurs publications savantes importantes sur divers aspects de la lexicographie et de l’étymologie du moyen perse ont été publiées au cours des deux ou trois dernières décennies. Un Dictionary of Manichaean Middle Persian and Parthian par Durkin-Meisterernst (2004) est maintenant disponible. Un glossaire des textes épigraphiques parthe et en moyen perse a été publié par Gignoux (1972), qui a également publié une liste prosopographique des noms propres en moyen perse (1986, suivi d’un supplément). Une liste de noms iraniens (principalement en moyen perse) a été publiée dans Gignoux et al. (2009). Pour d’autres langues du moyen iranien, il existe des dictionnaires du sogdien, par Gharib (1995). Des textes en bactrien, langue récemment inconnue, ont été publiés par Sims-Williams (2000/07). Le chorasmien, une langue représentée principalement par des gloses dans les manuscrits arabes, est maintenant connu grâce à Henning (1965 ; 1971), MacKenzie (1990 ; 1999) et d’autres. Il existe un dictionnaire du khotanais par H.W. Bailey (1979), et d’autres documents lexicaux ont été publiés par Emmerick et Skjaervø (1982 ; 1987). Pour l’étymologie, en plus des ouvrages plus anciens de Horn (1893) et Hübschmann (1895), les travaux récents les plus importants sont de Rastorguyeva et Edel'man (2000/07), dont trois volumes sont déjà parus. Cheung (2007) traite des racines verbales. Un dictionnaire complet du persan est en cours d’élaboration par Sadeghi (2013). Un dictionnaire étymologique du persan, regroupant les notes éparses dans de nombreuses publications savantes, a récemment été publié (Hasanust 1383 HS). Parmi les ouvrages lexicographiques pour le moyen perse, on peut citer le glossaire des textes inclus dans A manual of Pahlavi de Nyberg (1974). MacKenzie (1971) donne une liste des mots les plus courants en pahlavi et cite les formes correspondantes en moyen perse manichéen et en persan (sans citer de références). Henning (1933) a discuté des formes verbales et des étymologies pour le moyen perse manichéen. D’autres documents sont dispersés dans plusieurs livres et articles. Les glossaires de plusieurs éditions de textes publiés au cours des dernières décennies constituent une autre source de documentation pour les travaux lexicographiques. Les idéogrammes araméens de l’écriture pahlavi ont été discutés dans Nyberg (1988) et par plusieurs autres chercheurs.
Le projet prévoit de lister le lexique dispersé et partiellement perdu du moyen perse qui peut être récupéré à partir de mots empruntés par les langues voisines. Les mots du moyen perse dans différentes variétés d’araméen sont étudiés dans Ciancaglini (2008) ; Greenfield et Shaked (1972) ; Shaked (1985 ; 1986 ; 1991 ; 1994 ; 1995a ; 1995b ; 2003 ; 2005). Les mots emprunté au moyen perse en arménien sont traités dans Hübschmann (1897), Perikhanian (1968 ; 1985) et par d’autres. Les mots emprunté par l’arabe ancien ont été discutés dans Jawālīqī (1966), Shushtar¬i (1347 HS), Eilers (1961/2 ; 1971) et d’autres.
Les travaux préliminaires sur le projet d’un dictionnaire du moyen perse ont été réalisés en collaboration avec Carlo Cereti de La Sapienza – Università di Roma. Au cours des dernières années, le professeur Cereti a toutefois exercé une activité au sein du service diplomatique italien et n’a pas été en mesure de poursuivre son association avec le projet du dictionnaire.
Le but fondamental de ce projet, comme indiqué ci-dessus, est de préparer un dictionnaire complet pour le moyen perse sous toutes ses formes écrites. Cela n’a encore jamais été entrepris. Cet ouvrage répondra à un besoin urgent des chercheurs et des étudiants en études iraniennes et dans des domaines connexes (tels que l’araméen), et encouragera de nouvelles recherches sur divers autres aspects linguistiques du moyen perse ainsi que sur la littérature, l’histoire, la religion ou tout autre sujet relatif à la culture de l’Iran durant l’Antiquité tardive et au début de la période islamique. Dans le domaine de la lexicographie, il peut permettre une discussion plus éclairée sur les mots iraniens empruntés par d’autres langues et sur les mots empruntés par le moyen perse à des langues étrangères.