Union Académique Internationale
Epigraphie amphorique
Retour aux projetsProjet nº49, adopté en 1993
L’étude de l’épigraphie amphorique constitue, de nos jours, un instrument fondamental pour la connaissance de la production et du commerce d’aliments dans le monde ancien. Les amphores étaient le conteneur d’aliments qui s’utilisait plus fréquemment dans le monde greco-romain, en particulier elles ont été utilisées pour transporter le vin, l’huile d’olive et les salaisons de poisson.
Le but du projet est l’étude et l’édition des matériaux épigraphiques amphoriques du monde greco-romain. L’épigraphie amphorique a été exclue de grands corpora épigraphiques et se trouve à un niveau extrême de dispersion. Le projet cherche à poser les bases pour une systématisation des méthodes d’étude et d’édition de ces matériaux, poussant les chercheurs à qu’ils les publient d’après un système homogène qui permette de comparer les résultats des uns et des autres. Étant donné leur grand nombre et que la plupart sont inédits, il est en principe impensable d’éditer un corpus général de ces matériaux. Les lignes prioritaires d’édition sont deux: l’édition des matériaux par centre de production et l’édition des matériaux par centre de réception, se référant soit à un seul gisement, soit à une région. L’élection du critère dépendant uniquement des opportunités d’étude mises à notre portée. Dans l’un ou l’autre cas on travaille avec du matériel édit et inédit. D’un autre côté, l’aspect corpus général peut être, de nos jours, développé moyennant une base de données informatiques et sa mise à disposition publique via Internet. Le groupe de la Real Academia de la Historia de España (auquel est attaché le groupe de recherche CEIPAC de l’Universidad de Barcelona, sous la direction de J. Remesal), a crée une page web (http://ceipac.ub.edu) dans la quelle s’incorpore une base de données d’épigraphie amphorique latine accessible via Internet. La base de données dispose de systèmes d’apprentissage qui permettent à n’importe quel chercheur, et depuis n’importe quel pays, de s’initier à l’étude de l’épigraphie amphorique et de participer à l’enrichissementdes de données disponibles dans la base. Nous espérons ainsi promouvoir l’idée de travail corporatif depuis n’importe quel coin du monde.
Actuellement la base de données d'épigraphie latine dispose de plus de 34,000 fiches et nous sommes en train de construire aussi une base de données pour l'étude de timbres amphoriques grecques, que nous espérons pouvoir mettre à disposition de la communauté scientifique en l'année 2013.
Même si au début le projet avait pour objectif l'étude des seules timbres, actuellement il est plus ambitieux et s'adresse aussi à l'étude d'autres éléments qui peuvent faire partie d'une amphore : tituli picti et grafiti. Il semble inacceptable de nos jours de séparer le contenu épigraphique de l’objet qui le supporte, l’amphore, et pour cela dans notre travail doivent être acceptées aussi les études typologiques des amphores auxquelles sont associés des éléments épigraphiques.
D’un autre côté, il existe de nombreux types amphoriques dans lesquels l’elément épigraphique est très limité ou même inexistant. Ces types amphoriques ne peuvent pas être exclus de l’étude finale que nous prétendons, celle de la production et commercialisation des produits alimentaires dans l’antiquité. L’objectif ultime de ce projet est de promouvoir un débat scientifique sur l’économie du monde greco-romain, en étudiant un matériel très dispersé que jusqu’à ici n’a pas été étudié dans son ensemble. Cet étude va permettre de connaître les relations économiques établies entre les différentes régions du monde ancien. Dans le cas de l’Empire Romain, permettra d’étudier les relations qui ont étré établies entre les différentes régions de l’Empire et entre celles-ci et la capitale: Rome.
Le contrôle de l’ acquisition et distribution des aliments nécessaires pour le ravitaillement de l’armée romaine et de la plèbe urbaine de Rome permets d’étudier de nouveau les relations entre la vie économique et politique, et comme le contrôle des aliments a pu influencer le développement de la vie politique.
Ce projet a été adopté par l'UAI en 1993, à l'initiative de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et placé dans la Catégorie C sous la direction de Yvon Garlan, professeur à l'Université de Rennes-II et membre correspondant de l'Institut. En 1996 se joignirent au projet la Real Academia de la Historia de España (Professeurs J.Mª Blázquez y. José Remesal) et l’Institut d’Estudis Catalans de Barcelona.(Prof. Josep Guitart).
En 2003 la direction du projet se partageait entre le Prof. Yvon Garlan qui s’occupa de l’épigraphie grecque et le Prof. Prof. José Remesal Rodríguez pour l’épigraphie latine. Cette même année a rejoint le projet l’Académie Portugaise (Prof. Carlos Fabiâo), et plus tard l’ Académie autrichenne (Prof. Manfred Hainzmann), l’Académie tunisienne (Prof. Abdellatif Mrabert) et l’Académie Roumaine (Dr. Vasilica Lungu). A partir de 2009 el Prof. Yvon Garlan a renoncé à la direction de la partie grecque, et a été remplacé par le Prof. Remesal.
Durant ces annés ce projet à été très productif. En 2003, à Barcelone, a eu lieu un Congrès pour discuter les aspects méthodologiques. Actuellement ont été publiés 17 volumes dédiés à l’épigraphie amphorique grecque et d’autres à l’épigraphie latine. En plus ont été publiés 8 volumes relationés avec l’histoire économique concernant l’analyse, la production et le commerce des aliments. Depuis le 7 septembre 1995, la base de donnés du projet est sur internet (http://ceipac.ub.edu) et elle est devenue dans le temps un instrument très utile pour les études amphoriques des chercheurs du monde, et à contribué au développement de beaucoup d’autres recherches et à diffuser une méthode d’analyse et publication. Du point de vue de l'analyse historique, la recherche générée par le projet a également acquis une grande réputation internationale.
En plus du travail de chaque académie dans son pays, le projet a développé un certain nombre de recherches internationales liées principalement à l'Académie royale d'Histoire (Madrid) et l'Université de Barcelone, comme l’étude des matériaux de la Colonia Ulpia Traiana (Xanten, Allemagne), Brigantium (Bregenz, Autriche) et Leptis Magna (Libye). Mais, parmi tous les projets, les plus importants sont les fouilles de Monte Testaccio (Rome).
Le « Monte Testaccio » est une colline artificielle, d’environ un kilomètre de périmètre et une hauteur de 45 mètres au pied de l'Aventin, au sud de ce qui était la zone d'entrepôt, horrea, de l’ancienne ville de Rome. Le Testaccio est composé des restes des millions d'amphores qui atteignirent Rome contenant de l'huile d'olive, dont plus de 85% proviennent de la province romaine de la Baetica (Andalousie, Sud de l'Espagne). Le reste provient de l'Afrique du Nord, de l’Afrique Proconsularis et Tripolitaine (Tunisie et Libye).
Heureusement, ici, ont été conservées non seulement les timbres imprimés sur l’argile avant cuisson, mais les inscriptions (tituli picti), que comme des modernes étiquettes, nous informent sur la tare de l’amphore, le poids de l’huile, le nom de la personne responsable du transport de l'amphore et un complexe contrôle douanier, où il est noté la zone d'expédition de l'amphore, la constatation de la quantité d'huile contenue dans l’amphore, les noms des personnages impliqués dans le contrôle de processus et dans la datation consulaire, par laquelle nous obtenons des dates absolues pour les inscriptions trouvées. En outre ces documents permettent, pour la première fois, de disposer d’une documentation en série pour l'étude de l'économie et de l'administration de l'Empire romain, (nous disposons déjà des données abondantes, classifiés entre 140 et 257 après JC.) En bref, le Testaccio, qui, pour Romains n'était qu'une, décharge, est devenu pour nous le meilleur dossier pour l'étude de l'économie antique. Selon des études géologiques et volumétriques effectués sur le Mont, le Testaccio - qui au fil des siècles a perdu une grande partie de ses matériaux - conserve encore les restes de plus de 25 millions d’amphores. Pour comprendre ce volume, nous pouvons dire que ce qui est encore conservé dans le Testaccio est l'équivalent de l'alimentation en huile d'olive pour un demi-million de personnes pendant 250 ans. Ce projet, d'autre part, a l’ambition de mettre en valeur l’immense quantité d'objets archéologiques stockés dans les musées, soit dans la région méditerranéenne que dans le centre européen. En plus, il met également en évidence les nombreuses relations qui ont été établies entre l’Europe et la Méditerranée depuis l'antiquité.