Union Académique Internationale
Dictionnaire Babylonien
Retour aux projetsProjet nº90, adopté en 2015
Lancée en 1988, ce projet faisait suite à la publication des textes des Archives Royales de Mari (tomes XXVI/1 et XXVI/2, deux volumes de 640 et 590 pages qui publiaient plusieurs dossiers des lettres retrouvées au tell ancien de Mari, à la frontière entre la Syrie et l'Irak, par André Parrot.
L'entreprise envisageait d'étudier systématiquement le vocabulaire du plus important corpus en langue sémitique orientale, noté en écriture cunéiforme et retrouvé dans les ruines du palais de Mari. Il représente une masse documentaire de plus de 25 000 tablettes. Les textes littéraires y sont en minorité, mais le très important corpus épistolaire, adressé à deux rois de Mari, est complété par de nombreux documents administratifs et aussi juridiques.
Cette langue proprement dite akkadien est aussi appelée traditionnellement "paléo-babylonien" car Babylone est la ville la plus connue qui ait pratiqué ce langage et son roi Hammurabi est toujours connu aujourd'hui. L'ampleur de la documentation n'est que d'une cinquantaine d'années (aux XIXe-XVIIIe siècles avant notre ère) pour ce qui est de la durée d'attestation mais les textes proviennent de l'ensemble du Proche-Orient et de sites non documentés pour cette période aujourd'hui comme Alep ou en Syrie du Nord. Les misses sont désormais situées de façon précise dans le temps et dans l'espace. Ces textes complètent considérablement la connaissance de l'état classique du sémitique oriental, langue apparentée de très près à l'hébreu, l'araméen et l'arabe.
La collecte lexicale qu'ils permettent est d'une extrême richesse. En outre, quoique s'exprimant en akkadien, les gens étaient obligés pour désigner des activités ou des situations qui n'avaient pas leur équivalent dans leur langue d'expression écrite, de recourir à des termes locaux. Ils révèlent ainsi le lexique de gens qui pratiquaient avant tout l'information orale et utilisaient des dialectes non documentés par écrit. On voit ainsi apparaître des "façons de dire' qu'on n'aurait cru documentées qu'à des époques bien plus récentes, voire des registres d'expression inédits, comme les proverbes ou l'expression directe de la population féminine. En ce sens, la littérature épistolaire de Mari représente un unicum au Proche-Orient.